Virtual Exhibition - Of Beauty, Blackness & Power

Exposant des œuvres d'art de Prince Gyasi, de Lyle Ashton Harris, de Mohau Modisakeng, de Zanele Muholi, de Lunga Ntila, de Hank Willis Thomas et de Caecilia Tripp en vue panoramique à 360 °.

L'exposition:

Of beauty - Invitation cover 

L’émergence des artistes africains dans des manifestations artistiques européennes nous a motivé avec Philippe Dupont, qui est un grand amateur d’art contemporain africain, de concrétiser notre projet sur la photographie afro-américaine et américaine et de terminer l’accrochage de l’exposition Of Beauty, Blackness & Power quelques jours avant le confinement.

Cette exposition met en lumière sept regards d'artistes contemporains sur les identités afro-américaines et africaines.

Les positions sont très différentes entre’elles et de différentes générations, même si l’autoportrait est présent chez les quatre artistes. Comme souvent pour les expositions au hall du Arendt House nous avons choisi des photographes émergents à côté d’artistes qui ont été représentés dans des biennales importantes comme Whitney, Sharja et Venise.

Les 22 photographies sélectionnées montrent de nouvelles positions photographiques toutes liées aux diverses interrogations esthétiques autour des questions identitaires africaines et afro-américaines.

Le fil commun entre ces différentes œuvres est le positionnement singulier et personnel face à l’histoire et la culture africaine et afro-américaine. D'une part,nous avons les artistes afro-américains de l'ère "post-noir", "post-raciale", de l'autre les artistes africains traitant de questions d'actualité sur les réalités urbaines et post-apartheid ainsi que de thèmes inspirés de la tradition africaine.

 

Les artistes:

 

Zanele Muholi_

Pour l’artiste sud-africaine Zanele Muholi, révélation de la Biennale de Venise en 2019, le corps noir voire le visage noir sur fond noir ou blanc n’est pas un simple portrait ou autoportrait mais devient un outil de questionnement sociopolitique et un moyen de dénonciation de toutes les configurations de racisme et de xenophobie. Elle voit sa pratique comme une forme d’activisme et de résistance noire. Surtout ses autoportraits rassemblés sous le titre Somnyama Ngonyama ce qui signifie Saluez la lionne noire dont les deux wallpaper de l’exposition font partie, témoignent de cette beauté dont émane une grande force dénonciatrice.

 

 

Devant la caméra elle interprète de multiples rôles, se joue des clichés racistes, de la culture africaine voire même des différents masques sociaux. Ses autoportraits deviennent des personas pour reprendre le terme de Jung, qu’elle incarne pour la photographie.

Ainsi de photographie en photographie, c’est elle qui nous tend le miroir, qui se livre à un duel avec nos regards, qui nous dévisage avec force et beauté.

Sensible à toutes les inégalités, Zanele Muholi, avoue s’inspirer de ces expériences négatives en Europe et aux Etats-Unis en tant que personne noire, mais aussi par rapport aux questions du genre. Elle milite aussi pour la cause lesbienne en Afrique où la bataill est loin d’être gagnée.

Ntozakhe II, Parktown, 2016 - Zanele Muholi

 

 

Prince Gyasi_

 

Chez l’artiste ghanéen Prince Gyasi, l’engagement et le questionnement de la beauté comme identification positive du peuple noir prend une touche plus colorée et ludique. Avec ses mises en scène réalisées avec légèreté et humour, il apporte un message d'espoir dans ses photographies.
Les corps noirs sur un fond coloré qui, étant bien ancrés dans la culture contemporaine de son pays, revendiquent une sorte de contre-courant aux standards de beauté blancs.

   
Nous identifions toute une palette de gestes et de situations qui reflètent une certaine négritude dans un quotidien ritualisé et chorégraphé par l’artiste devant la caméra.
En tant que plasticien, rappelons que ses photos sont prises avec son I-phone, il crée tout un univers décalé et surréaliste en hommage aux jeunes en difficulté. Par ailleurs ses photographies participent à l’intégration des jeunes marginaux et défavorisés à travers l'association Boxkids qu'il a fondée.
 
   
   
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Mohau Modisakeng_

 

Chez l'artiste sud-africain Mohau Modisakeng la mise en scène et le pouvoir du rituel sont également au centre du travail vidéo et photographique.

Révélé à la biennale de Venise en 2017 avec son installation vidéo Passage, il revisite l’histoire violente de l’Afrique du Sud en mettant souvent son propre corps en action.

Ainsi les puissants portraits de Baheberu (ce qui signifie "hébreu") font référence à un peuple qui, un jour, après l'exode, établira un nouveau royaume.

À travers des images d'une beauté magique, comme dans l’autre série Emira, il utilise les corps africains dans des performances métaphoriques et symboliques qui expriment la violence de l'histoire sud-africaine. En se référant à la spiritualité, en invoquant les ancêtres dans ses mises en scènes chorégraphiées, il dénonce toute forme de ségrégation raciste.

6 - Mohau Modisakeng 

 

 

Lunga Ntila_

3 - Strange I, 2019 - Mask, 2019 - Define Beauty III, 2019 -  Strange II, 2019 - Lunga Ntila 

Pour la jeune artiste sud-africaine émergente Lunga Ntila, la féminité et la sexualité sont à la base de ses autoportraits "déformés" à travers lesquels elle exprime son engagement pour la femme africaine.

Quand elle dit, je cite: "Mon féminisme ressemble à la liberté ; il est opiniâtre et sans excuses" elle s’engage en tant qu’artiste à déconstruire les clichés de la femme noire.

   

À travers ses collages fragmentés, elle aborde le sujet de la négritude, de la fragilité identitaire et de la beauté comme concept esthétiquement et culturellement connoté . Ses magnifiques petits collages réalisées à partir de ses autoportraits se référent à des mouvements historiques de l'art comme le cubisme. Mais elle fait exactement le contraire des artistes d’avant-garde du début du XXe s. en faisant la relation du point de vue de la culture africaine. Picasso et les cubistes s’inspirent des masques africains, Ntila prend son visage noir comme point de départ pour le déconstruire progessivement de sorte à devenir un masque.

Voilà pour la section africaine, passons maintenant à la sélection afro-américaine.

 

 

 

Lyle Ashton Harris_

 

L'artiste multimédia américain de renom international Lyle Ashton Harris explore les intersections entre les aspects personnels et politiques de la société. Dans ses fresques photographiques et multimedia et ses autoportraits saisissants, il joue avec les questions d'ethnicité, de genre et d'identité afro-américaine dans le contexte de la culture urbaine contemporaine. Ayant vécu aussi en Afrique au Ghana et en Tanzanie pendant quelques années et puis dans le Bronx dans un contexte politique d’exilés sud-africains, Lyle a toujours évolué dans une totale liberté d’expression.

Dans ses autoportraits, il incarne toute la violence que le peuple noir a subi. Les menottes symbolisant à la fois l’esclavage et la rébellion.

   

Avec les accumulations d’images, il cherche la complexité des références iconographiques dans un melting pot de culture américaine et africaine et la transgression de l’establishment.

Dans Anansi, il fait référence à cette araignée qui fait partie des mythologies ouest-africaines très populaires au sein du peuple Akan du Ghana. Transmis oralement ces légendes montrent la force et la ruse de cette araignée face aux forces supérieures. Dans ce tableau collage où il réunit du point de vue formelle une étoffe ghanéenne et des impressions par sublimation thermique s’affrontent des images très hétéroclites. Bourré de symboles et de signes de différentes cultures ces œuvres ouvrent le champ à la libre interprétation.

 

 

 

Caecilia Tripp_

6  - Caecilia Tripp 

Afin d’avoir des regards multiples sur la culture africaine et afro-américaine nous avons invité Caecilia Tripp la seule artiste européenne dans la sélection. Elle vit entre New York et Toronto.

Révélée lors de la biennale de Sharja avec son installation filmique 5 canaux The Stars Look Lonesome, elle focalise son travail sur les formes de liberté, d'utopie et de désobéissance civile dans un monde globalisé. Dans ses histoires poétiques, politiques et écologiques le rôle des nouveaux langages, la recherche du son, le questionnement des codes culturels et sociaux sont très importants.

   

Tout en ayant un statut autonome, les photographies exposées sont des images fixes de l'installation cinématographique The Stars Look Lonesome, inspirée par les écrits et les recherches de l'historien et scientifique sénégalais Cheikh Anta Diop.

4  - Caecilia Tripp 
   
  Ses œuvres photographiques comme ses œuvres filmiques inspirées aussi de la culture afro-américaine parlent de réminiscences cosmiques ritualisées. Particulièrement dans ses photographies, les corps fragmentées à travers les cadrages sur des détails comme les mains, le buste et les pieds ailés se déploient selon un rythme polyphonique entre la lumière et l'obscurité.

 


Hank Willis Thomas_

  Le grand artiste new yorkais Hank Willis Thomas est un artiste conceptuel utilisant la sculpture, la peinture et la photographie. Il détourne les images publicitaires et propagandistes en questionnant les généralisations autour de la race et de l'ethnicité, et en partageant sa conscience critique de la lutte actuelle pour la justice sociale et les droits civils.
   
Les trois photographies exposées sont des détournements de publicité sportives mettant en image deux mondes antagonistes la célébration du sportif noir dans le football et le basket et les références au monde de l’esclavage et des violences dont les traces sont encore visibles. 4 - Hank Thomas Willis 

 


Ainsi, à travers des variétés esthétiques, l'exposition donne un petit aperçu de ces nouvelles dynamiques dans la photographie afro-américaine et africaine autour des questions d'identité, d'intersectionnalité, de tradition et de modernité en confrontant de manière critique le jeu ambivalent du regard et de l'être regardé.


Paul di Felice

L'exposition sera accessible chez Arendt House dès que possible. En ce moment, vous pouvez profiter de l'exposition virtuelle ici sur Arendt & Art et aussi sur la page Facebook de Arendt & Medernach_

Photos prise avant le confinement par Eric Chenal.

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